COVID-19 et environnement
La pandémie actuelle, depuis bientôt un mois, a pris presque toute la place dans les médias, mais aussi dans nos préoccupations et nos discussions.
C’est souvent lors des moments-catastrophes de ce genre que l’on entend les gens affirmer: je vous l’avais bien dit! C’était prévisible! Il serait décevant que le MARE s’inscrive dans cette voie facile de la prophétie après coup. Il est vrai, d’ailleurs, qu’il est impossible de faire un lien direct entre la crise environnementale et un seul événement. Par exemple, il est impossible d’affirmer qu’un ouragan, parce qu’il est plus puissant que la normale, est directement causé par la crise climatique.
Cependant, si il y a une chose sur laquelle la communauté scientifique internationale s’entend, c’est sur le fait que la crise environnementale va entraîner de plus en plus de moments-catastrophes comme celui que nous vivons aujourd’hui.
On s’attend, entre autres, à plus d’épidémies et à plus de pandémies. En effet, plusieurs liens existent entre environnement et risques de pandémies.
- La destruction généralisée des habitats naturels fait en sorte que de plus en plus d’espèces sauvages entrent maintenant en contact avec les populations humaines, faute de territoire. Ceci facilite le trafic et la consommation d’animaux exotiques et donc la transmission de virus aux humains., On peut prendre comme exemple le pangolin, vecteur naturel de coronavirus, mais dont le rôle dans la pandémie actuelle demeure incertain.
- L’élevage intensif d’animaux destinés à la consommation humaine est également une cause connue de transmission de virus à l’humain. On détruit de nombreux habitats naturels – pensons à l’Amazonie – afin d’y faire pousser la nourriture nécessaire à ce type d’élevage. De plus, la proximité des animaux dans ces environnements artificiels et les contacts réguliers avec les humains facilitent la transmission du virus.
- L’effondrement de la biodiversité : nous sommes maintenant entrés dans la 6e vague d’extinction massive. La dernière avait eu lieu il y a 65 millions d’années en rayant les dinosaures de la carte.
Plus un écosystème possède un nombre élevé d’espèces, plus il est difficile pour une espèce opportuniste de prendre trop de place. Par contre, dans un milieu pauvre en biodiversité, certaines espèces envahissantes ont tout à coup le champ libre pour prendre une place démesurée.
Nous connaissons peu la composante microbienne de ces écosystème, mais il serait surprenant que la logique n’y soit pas la même. Moins de biodiversité signifie donc plus de place pour certaines espèces pathogènes qui ne rencontrent pas suffisamment de compétition et peuvent alors prendre trop de place. Ceci augmente vraisemblablement les risques d’épidémies et de pandémies.
La crise environnementale est donc responsable d’une augmentation du nombre et de l’intensité des moments-catastrophes.
L’inverse, malheureusement, risque également d’être vrai! Parce que toute l’énergie des États semble présentement se diriger vers la lutte à la pandémie, le risque de mettre de côté l’urgence environnementale est grand.
Ainsi, la COP 26 qui était censée réunir les gouvernements de la planète à Glasgow en novembre 2020 afin de discuter de l’urgence climatique est reportée en 2021.
Le gouvernement canadien mène présentement, en pleine crise sanitaire, une consultation publique dans le but d’éliminer les études environnementales habituellement nécessaires afin d’accélérer les forages pétroliers en mer.
Le gouvernement albertain annonce, durant cette même crise, un investissement de 1,5 milliard de dollars dans le projet d’oléoduc Keystone XL afin de pouvoir exporter davantage de pétrole provenant des sables bitumineux aux États-Unis.
Les États tentent donc de relancer le mythe de la croissance infinie du capitalisme, mis à mal par la crise.
On sent que l’urgence environnementale, dont les gouvernements ne semblaient pas comprendre l’ampleur avant la pandémie, baisse encore dans la liste de priorités des États. On risque ainsi de créer un cercle vicieux : si la pandémie nous fait oublier l’urgence environnementale, nous risquons d’engendrer davantage de catastrophes dans les prochaines années, ce qui risque de diminuer encore nos efforts en environnement.
Que peut faire le MARE durant cette période de crise???
Il est vrai que nous avons perdu, pour l’instant, une partie de notre ADN. En effet, le mot Action fait partie du nom de notre mouvement. C’est par des campagnes d’action (actions concrètes de nettoyage, de reboisement, travail auprès des municipalités, manifestations, …) que le MARE s’est construit durant la dernière année. Il est évidemment beaucoup plus difficile de mener de telles campagnes tant que dureront les mesures de confinement.
Il faut toutefois se souvenir d’une autre partie importante de l’ADN du MARE : l’objectif de créer des liens solides entre les individus et les organismes qui souhaitent lutter face à la crise environnementale.
C’est pourquoi nous avons organisé la manifestation en ligne du 3 avril et que nous continuons de vous inviter à participer à la construction du MARE lors de nos rencontres publiques, les MAREcredis, qui se font maintenant en ligne!
Notre objectif durant cette crise demeure le même : il ne faut pas tomber dans le catastrophisme et baisser les bras devant l’ampleur de la tâche et devant les difficultés. Il faut être conscient de l’urgence, puis utiliser cette connaissance pour se relever les manches et continuer de construire un réseau d’action solide et créatif.