Quelle planète pour nos petits-enfants? ou Quels petits-enfants pour…
Nous avons tous été interpelés à juste titre par les déclarations de Greta Thunberg. Elle a raison de tirer la sonnette d’alarme mais je ne veux pas qu’elle me culpabilise de lui laisser une planète en danger. Je ne veux pas que les messages qu’elle nous adresse crée une génération d’éco-anxieux.
Quelle planète pour nos petits-enfants? ou Quels petits-enfants pour notre planète ?
Nous avons tous été interpellés à juste titre par les déclarations de Greta Thunberg. Elle a raison de tirer la sonnette d’alarme mais je ne veux pas qu’elle me culpabilise de lui laisser une planète en danger. Je ne veux pas que les messages qu’elle nous adresse crée une génération d’éco-anxieux.
Au fait, quand j’avais son âge, dans quel monde vivions-nous? Quel avenir pouvait-on entrevoir à la lumière du passé récent? Et maintenant, est-ce que nous laissons à nos petits-enfants un héritage pire ou meilleur que celui que nous avons reçu?
Quel monde les adultes laissaient-ils aux jeunes durant les années 50? On venait de sortir d’une guerre horrible, nos parents en portaient les cicatrices; c’était la course aux armements et la lutte des classes, la planète était suspendue aux humeurs de deux superpuissances se menaçant de guerre nucléaire. L’enseignement secondaire et universitaire ne s’était pas démocratisé, les soins médicaux n’étaient pas gratuits, la tuberculose et la poliomyélite rodaient autour des jeunes enfants. À 16 ans la plupart des jeunes était sur le marché du travail. Dans nos pays l’agriculture suffisait à peine à nourrir les populations. À la campagne on vivait en autarcie. Ne parlons pas de confort ni de communications instantanées avec le monde extérieur. Et pourtant aucun jeune n’accusait les générations précédentes de leur avoir laissé un monde aussi dur. Nous voulions améliorer notre condition.
Quand je compare ce monde à celui que je laisse à mes petits-enfants, je mesure l’amélioration des conditions de vie, les pas de géant accomplis. Certes, il y environ encore 800 millions de personnes qui souffrent de la faim, il y en avait autant à l’époque mais nous étions 3 milliards en 1955 et maintenant presque 8 milliards. Des millions de personnes sont sorties de la pauvreté dans les pays émergents et ont accès à nos conditions de vie; la classe moyenne est aussi importante en Chine ou en Inde qu’aux États-Unis. Cette amélioration s’est faite grâce à une énergie bon marché, à la mondialisation des échanges, à la mécanisation, à la maîtrise de la chimie au service de l’agriculture et de la santé et à l’informatique.
Cette course vers plus de confort pour beaucoup plus de monde ne s’est pas faite sans dommages. Effectivement, l’énergie bon marché nous a laissé les gaz à effet de serre et les dérèglements climatiques; la chimie, des molécules qui empoisonnent nos cours d’eau, nos terres et notre corps; l’hyperconsommation, l’obésité ainsi que des déchets qui nous submergent et des ressources qui s’épuisent. Tout le monde n’a pas bénéficié de ce développement, il y encore beaucoup trop d’injustices et d’inégalités à réparer et il y a des tranches de nos populations qui sont victimes du progrès réalisé.
Voilà des défis à relever et la jeune génération devra s’y atteler. Comme notre génération a réussi à régler nos besoins de base et à offrir à nos enfants un confort inégalé, la jeunesse d’aujourd’hui devra résoudre les problèmes liés aux changements climatiques, à la santé des eaux, des sols et des gens qui sont une conséquence du confort dont nous bénéficions. La tâche est immense comme celle réalisée depuis 60 ans. En plus il faudra aider tous les enfants du monde qui vivent encore en situation d’esclavage, il faudra sortir les filles et les femmes de conditions issues de coutumes barbares et de religions rétrogrades, il faudra juguler la démographie galopante qui affecte certains pays du Tiers-Monde.
Pour réaliser toutes ces tâches il ne faut pas être fataliste, il ne faut pas faire d’éco-anxiété qui débouche vers un sentiment d’impuissance, il ne faut pas accuser les générations précédentes de tous les maux; c’est le meilleur moyen pour ne rien faire. La jeunesse doit avoir confiance en son potentiel, nous lui laissons des problèmes mais aussi les outils pour les résoudre. L’atteinte de ces objectifs demandera surement aux générations de demain de renoncer à certains avantages dont elles bénéficient actuellement. Oui Greta, il faut mobiliser et sensibiliser la jeunesse pour améliorer notre environnement. Le défi est immense et les solutions existent!
Robert Poupard