Seule devant l’immensité de la tâche
Qu’est-ce que je peux faire seule face à tout ça! Quand je parle de tout ça, je parle de la crise climatique, de l’effondrement de la biodiversité et ultimement de la croissance des inégalités. Souvent, la réponse, c’est de poser des gestes individuels.
Bénévolat par si, don par là, saupoudrage de bonnes actions (genre le recyclage et le compostage)… Tous ces gestes individuels que j’ai moi-même posés, que je continue de poser tous les jours, que d’autres comme moi posent, ont-ils été ne serait-ce qu’un peu porteur? Est-ce que grâce à la lutte individuelle? Est-ce que grâce à des achats réfléchis et écoresponsables, multipliés par les gestes de tous? Est-ce que cela a permis une réduction de l’émanation des GES? Est-ce que la biodiversité a cessé d’être menacée. Est-ce que les vulnérables sont moins vulnérables? Est-ce que porter la cause environnementale tous individuellement, par nos choix, fait une différence? Est-ce qu’acheter c’est vraiment voter ou n’est-ce pas plutôt se comporter en Don Quichotte face au moulin à vent?
La gang du MARE je la connais depuis peu, mais à chaque rencontre, elle m’amène à me questionner davantage, à approfondir mon analyse et ultimement à me mouvoir, à me mettre en action. Ce groupe m’ébranle, mais dans le bon sens du terme. Plus récemment, lors d’une vidéoconférence organisée par le MARE, la question du geste individuel versus les actions collectives fut effleurée. Comme à chaque rencontre du MARE, je suis ressortie avec une réflexion riche, un questionnement sur ma propre appartenance à ce groupe et sur la fine ligne entre l’individuel et le collectif.
Plus que jamais, je pense que seule on n’arrive à rien. C’est carrément une nouvelle société que l’on doit bâtir, c’est tout un système qu’on doit ébranler si on veut endiguer la crise climatique et, pour faire cela, il faut que nos différents paliers de gouvernement s’en mêlent. Le MARE est devenu pour moi porteur de sens et d’espoir. Il regroupe des personnes qui, certes, posent des gestes individuels, mais qui travaillent collectivement autour de la cause environnementale. Le MARE c’est un mouvement, un mouvement qui prend de l’ampleur. Je le constate, le MARE apporte de réels changements dans notre communauté. Il ne convainc pas seulement nos concitoyens d’opérer des changements, il amène les instances politiques régionales, nos gouvernements de proximité, à agir en matière de réchauffement climatique.
Car c’est le collectif et la lutte qui sont porteurs. Quand on pense aux grands changements, c’est la lutte collective qui les a portés, et ce même si au centre se dressait parfois une personnalité héroïque, catalyseur de cette force du nombre. Si cette personne sort du lot, ce n’est que pour être la représentante du message de tout un groupe. Cette personne ne se bat pas pour elle, ni pour ses intérêts, ni pour se dire qu’elle fait la bonne chose! Non, elle tente d’inspirer et est inspirée par des valeurs qui la dépassent, qui sont plus grandes qu’elle. Même si cette personne sort du lot, c’est bien parce qu’il y a un lot, qu’il y a un mouvement, qu’il y a une soif et une urgence de changement, de vrais changements. Si cette personne s’élève au-dessus de la masse c’est parce que la masse est là pour l’aider à se mouvoir et une masse qui avance emporte avec elle une plus grande masse encore, c’est un mouvement infini. C’est une vague qui prend de la force à mesure qu’elle avance. C’est en cette vague que je crois.
C’est ce que j’ai trouvé au MARE. Je m’implique avec le MARE depuis très peu de temps, mais je sens que les gens dans ce groupe sont exactement comme moi. La cause environnementale et tout ce qui en découle leur tient à coeur et les choix individuels ne sont plus suffisants. Ils ont décidé d’être cette vague. Et plus cette vague avance, plus mes angoisses s’atténuent. L’objectif est de conscientiser nos concitoyens, qui pourront à leur tour nous aider à convaincre les gouvernements de proximité d’agir, qui à leur tour exercent une pression et encouragent les instances provinciales et fédérales à construire un projet de société durable. Si la crise sanitaire actuelle nous apprend quelque chose, c’est que rien n’est immuable, la société peut se retourner sur un dix cents. Mais au lieu de subir ces changements, orchestrons-les!
Je terminerai avec un parallèle avec la théorie de la diffusion de l’innovation développée par Everett Mitchell Rogers: comment une nouveauté est adopté par une société. « La diffusion est alors « le processus par lequel l’innovation va être progressivement communiquée, à travers certains canaux, dans le temps, auprès des membres du système social » (Rogers, 1962). Une innovation peut avoir des impacts sociaux, environnementaux et pas que technologiques. De plus, selon cette théorie, il y a un jalon plus difficile à traverser, le Chasme “gouffre”, mais après cela, l’adoption connaîtrait un ascension rapide. Je pense que nous sommes précisément à ce point de bascule et que le MARE propage une nouvelle façon de concevoir nos villes, le territoire que l’on habite, notre vivre ensemble. Joignez-vous au MARE, ensemble nous deviendrons une grande marée grouillante et vivante!
Emilie Poirier